Tallien, Jean-Lambert, French revolutionary (1767-1820). Autograph letter signed ("Tallien").

Vannes, "ce 19 messidor an 3e" [17 juillet 1795].

4to. 4 pages in-4.

 6.500,00

Importante lettre sur la guerre en Vendée à Clement de Ris, apres le debarquement de Quiberon: "Me voilà encore une fois, mon cher Clement, au milieu des brigands et de plus en présence des Anglais. J'avois bien promis de ne plus accepter de mission, mais je n'ai pu refuser celle-ci; elle étoit perilleuse, personne ne vouloit l'accepter [...] Je suis dans le plus infame pays de la terre tout est Chouan ou Anglais. Aussi il faut que les émigrés soient aussi bêtes qu'ils l'ont toujours été pour n'avoir pas profité de leur position avantageuse. On avoit tout fait pour eux. Sous le spécieux pretexte d'une pacification perfide on a laissé aux Chouans le terms de réunir toutes leurs forces, de recruter leurs armées, de repandre leurs principes contre revolutionnaires. Pendant que l'on protegeoit ainsi les assasins de la Patrie, on vexoit les patriotes les plus purs, ceux enfin qui avoient commencé la revolution dans ces contrées dès 1788. On préparoit ainsi aux infames émigrés tous les moyens de venir redonner des fers à une patrie qu'ils avoient si lachement abandonné".

La pacification a tout anéanti dans le pays: "On ne rencontre plus que des hommes prêts à s'entre dévorer [...] il n'y a plus ni morale, ni respect des lois, toutes les propriétés sont dévastées. On parcourt des lieux sans rencontre une ame. Les bestiaux sont abandonnés à eux-mêmes. Plus de la moitié de la population s'est réfugiée à Quiberon. L'autre est dans les großes communes. Ce que les Anglais ou les émigrés n'ont pas enlevé ou détruit l'est par notre armée qui manque de tout".

Au milieu de ces calamités, le courage des soldats es tune consolation: "lorsqu'il s'agit de combattre ils ne marchent pas, mais ils volent".

Ce jour même, il y a une attaque, "nous les avons joliment frottés, ils ont eu 300 hommes tués et nous leur avons enlevé plusieurs canons et un convoi de vivres [...] notre position militaire est très bonne, nous avons un excellent général (Hoche). C'est un homme prudent, brave et qui à 27 ans réunit les lumières et la sagesse d'un général concommé. La guerre que nous faisons est d'autant plus cruelle que nous avons à combattre l'ennemi extérieur et la presque totalité des habitans du pays. On avoit porté si peu de soin a sa defense qu'il n'y avoit pas 4 milles hommes, nous sommes parvenus à en reunir 25 mille de bonnes troupes".

L'approvisionnement dans une région déjà deux fois ravagée est laboreux, mais le zèle de l'administration du Morbihan lui rappelle celui des administrations de Tours, pendant la première guerre de Vendée. "En parlant de Vendée, nous ne sommes pas tranquiles sur ce point. Charrette remue beaucoup mais nous sommesen mesure de ce côté".

Il se propose d'aller veiller sur les propriétés que Mme Clément possède dans le pays. "Si nous pouvions battre bien complettement la coalition Anglo-Emigrée-Chouane, je pourrois bien repasser par Tours et aller passer quelques momens à Beauvais, j'y donnerois rendez vous à ma pauvre Theresia qui vouloit absolument venir avec moi, mais que j'ai forcé par le sentiment de notre intérêt commun à rester à Paris [...]".

Art.-Nr.: BN#30555 Schlagwort: