Reygasse, Superior of the Congregation of the Mission (Lazarists) in Mount Lebanon (dates unknown). 3 autograph letters signed.

Tripoli and Eden, 1855-1856.

(Large) 4to. Altogether 8¾ pp. on 3 bifolia.

 2.500,00

Three letters to the Prelate in Austro-Hungary, Jacob Mislin (1807-78), signed, containing reports of the position of the Lebanese Christians, especially about Youssef Bey Karam (1823-89), a Maronite freedom fighter in Mount Lebanon: "Le Cheik Joseph Caram, sur l'avis qu'il avait reçu de votre Grandeur s'était préparé à faire une brillante réception à leur Altesse Royale le Duc de Brabant et son auguste épouse, il avait mis à contribution tout ce que son pays pouvait lui fournir de ressources matérielles, pour donner à leur Altesse un témoignage éclatant de la vénération qui lui et tout son pays professent pour elles. Après de nombreux préparatifs, ayant appris que leur Altesse n'avait pu exécuter leur voyage au cèdres, sa douleur a été à son comble. Vous connaissez ses instincts pour les devoirs de l'hospitalité; En cette occasion ils s'étaient déployés au delà de tout ce qu'on peut dire. Pendant les dix ou douze jours de son attente, il avait mis plusieurs villages à contributions, pour réparer les chemins trop raboteux et qui pouvaient offrir quelques dangers, il avait aussi envoyé au haut des montagnes ôter la neige tout le long de la route depuis les cèdes jusqu'à l'autre côté du Liban; il avait entretenu pendant plusieurs jours une cinquantaine de cavaliers dans sa maison; il avait acheté et distribué huit quintaux de poudre à tous ses gens armés aux quels il donnait quelque teinture de la manœuvre militaire pour que leurs salves fussent exécutées avec ordre; il avait fait de grands achat de tentures pour tapisser tout l'intérieur de sa maison et ses avenues &c.&c.&c., le tout à ses frais, malgré la maudicité de ses ressources. Son cœur généreux et on ne peut plus désintéressé serait certes loin d'espérer quelque compensation à toutes ces dépenses, il se tiendrait même grièvement offensé sur le point d'honneur, s'il savait que je vous au fait connaître ces détails; c'est donc à son inçu et sur le conseil de quelques uns de ses nombreux amis que je me donne la liberté de vous en entretenir, afin que si vous le jugez convenable, vous portiez ces faits à la connaissance de leur Altesse Royale; votre ami se croirait déjà trop flatté de savoir que sa bonne volonté leur est connue. Le Prince de Jouinville dans son voyage en Syrie l'avait pris tellement en affection qu'il voulait l'emmener à la cour, si l'Auguste sœur de ce digne Prince voulait lui continuer le même intérêt, nous la prierions de vouloir bien obtenir de la porte Ottomane, pour le Cheik Joseph Caram, le titre serait le prix de son parfait dévouement, non seulement pour le servir de leur Altesse Royale, mais encore pour celui de tous les européens qui voyagent dans ces pays et cela depuis un bon nombre d'années, suivant en cela les traces de son illustre Père. Mille pardons, Monseigneur, de la liberté que je prends moi pauvre missionnaire; c'est peut-être un excès de tendresse de ma part" (10 May 1855).

"Le scheik Joseph Caram gouverneur d'Eden, Sgorta, […] vient de scavoir l'honorable et précieux souvenir de son Altesse Royale le Duc de Brabant. Cette marque distinguée de la munificence du Prince a été reçue avec de grands transports d'enthousiasme et une pompe vraiment triomphale. On est allé à rencontre de la précieuse epingle, avec le même élan et la même solemnité que si c'eut été son Altesse en personne qui venait honorer ces contrées de sa personne. Le Scheik Joseph ne fait rien à moitié: il a voulu que la foule nombreuse qui faisait cortège au Cadeau Royal, depuis Tripoli, avec chants, musique, salves, tournois, comprit la signification qu'il voulait donner à cette fête. […] publiant avec une grande conviction, en face de tous, que tout honneur vient de Dieu et doit retourner à Dieu, que ce n'est qu'en vue de glorifier sa souveraine Majesté qu'on doit accepter la gloire mondaine; que le glorieux Prince qui veut bien condescendre à honorer la personne n'a d'autre dessein dans ses largesses que d'étendre le royaume de celui de la libéralité du quel il tient le sceptre et la couronne […]" (1 Feb. 1856).

"Le fanatisme des Musulmans se réveille. Un de ces jours le tribunal de Tripoli a condamné à (3) mort un Maronite pour avoir maudit Jésus Christ. Ce n'est pas, comme vous le pensez bien, par respect pour la religion chrétienne et son divin instituteur, mais pour avoir raison de condamner à la même peine de mort quiconque blasphémerait le nom de Mahomet : car disent-ils la loi du Coran est encore dans toute sa vigueur et le Hati-Scherif n'a pas voulu toucher la question de la liberté de conscience […]" (21 June 1856).

Art.-Nr.: BN#32563 Schlagwörter: , ,