Voltaire, French Enlightenment writer, historian and philosopher (1694-1778). Letter with 4 autogr. lines.

Délices près de Geneve, 6 April 1756.

4to. 2½ pp. on bifolium. With autogr. address.

 14,000.00

To "Monsieur Bertrand, Pasteur de l'Eglise française à Berne", discussing an anonymous letter which very much upsets Voltaire because of the fake attribution to somebody else: "Me voilà toujours cloué à mes Délices, mon cher Monsieur, en proye aux maladies et aux ouvriers. Je travaille à me défaire de tout cela pour venir rendre mes hommages à Berne. J'y viendrai lire le cathechisme dont vous me parlez, car en vérité - je me sens un peu de votre Relligion: je suis indulgent comme vous, j'aime Dieu et le genre humain, et je ne damne personne. Ce n'est pas que l'auteur de la Lettre anonime n'ait fait une action damnable ou tout au moins condamnable: ce n'est point-là du fanatisme tout pur, c'est une méchanceté réfléchie: j'avoue avec vous que l'auteur est un fou, mais c'est un fou très-dangereux. Il écrit une lettre de Lausanne contre les premiers Eclésiastiques et les premiers magistrats du pays; il me dit dans cette lettre que ceux qui me font l'honneur de venir chez moi écrivent à Berne contre moi. Il envoye sa lettre cachetée à un de ses parens à Berne, et le prie de mettre le dessus de la Lettre. Ce parent se prête innocemment à cette manœuvre dont il ne soupçonne pas la malignité. Ce sont des choses qu'on peut aisément savoir de Mr. Roberty employé à la Poste de Berne. Pour comble de perversité ce brouillon a cacheté sa lettre d'un cachet surmonté de la Lettre 'H' et a répandu lui-même dans Lausanne qu'un magistrat de Berne m'avait écrit une lettre de reproches. Mes amis m'ont conseillé d'écrire à Mr. de Haller, me flattant qu'il pourait me mettre au fait de cette manœuvre dans laquelle on semblait abuser de son nom, et qu'il en était indigné. On m'avait dit qu'il avait quelque intendance sur les postes, et c'est cette raison quo me détermine à prendre la liberté de m'adresser à lui. Je n'osai pas lui éxpliquer ce que la lettre anonime contenait ; je me contentai de lui parler en général pour obtenir quelques éclaircissements. Je suis actuellement tout éclairci : je sais de quelle main ce tra[vail ?] infame est parti, et je suis persuadé que vos magistrats ne souffriraient point qu'un homme écrivît de Lausanne des calomnies contre les premiers de Lausanne, et les envoyât par la poste de Berne pour faire croire que sa lettre est écrite par quelqu'un de ses souverains. Cet abus de toutes les Loix, et ce manque de respect à ses maîtres n'est pas tolérable. Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien communiquer ma lettre à Mr. Freudenreich et à Mr. de Haller. Je sais qu'il y a bien des tracasseries à Lausanne, mais je ne m'en mêle point. Je n'ai été qu'une seule fois dans cette ville. On m'a dit que de jeunes ministres n'ont pas pour leurs anciens toute la considération qu'ils leur doivent ; que quelquefois même ils prêchent les uns contre les autres ; mais ce n'est pas à moi à prendre connaissance de ces petits scandales ; un malade doit se tenir au coin de son feu, et un étranger doit se taire.Bon soir mon cher philosophe relligieux et humain. Mille respects je vous en prie à Monsieur C. C. de Freudenreich et à M. le Baron de Haller".

Somewhat browned and spotty; small damages to edges; paper cut-out due to opening seal on fol. 2 (not touching text).

Provenance: Asta Hoepli, Zurich, May 26, 1933, lot 47.

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