Voltaire, écrivain et philosophe (1694-1778). Lettre autographe signée "V" à l'avocat et poète Bernard Joseph Saurin (1706-1781).

S. p., 28. II. 1764.

3 pages in-4 (230;185 mm) sur un double feuillet. Encre noire sur papier. (Traces d'un ancien montage.).

 28.000,00

La récente tragédie de Saurin, Blanche et Guiscard, imitée de Tancred and Sigismunda de Thomson, est l'occasion pour Voltaire de redire son aversion pour Shakespeare et le théâtre anglais dont il déplore la "Barbarie". "Vous avez fait, monsieur, bien de l'honneur à ce Tomson. Je l'ai connu il y a quelque quarante années. S'il avait scu être un peu plus interessant dans ses autres pièces, et moins déclamateur, il aurait transformé le théâtre anglais, que Gilles Shakespear a fait naître et à gâté, mais ce Gilles Shakespear avec toute la barbarie et son ridicule, a comme Lopez de Véga des trais si naïfs et si vrais, et un fracas d'actions si imposant, que tous les raisonnements de Pierre Corneille sont à la glace en comparaison du tragique de ce Gilles [...] Les anglais on un autre avantage sur nous, c'est de se passer de la rime. Le mérite de nos grands poëtes est souvent dans la difficulté de la rime surmontée et le mérite des poëtes anglais est souvent dans l'expression de la nature [...] Vous savez il n'y a pas un mot de vrai dans l'histoire de Sigismunda et Guiscardo, mais je vous sais bon gré d'avoir donné des louanges à ce Mainfroid dont les papes [biffé et réécrit] ont dit tant de mal [...] Un temps viendra où la St Barthelémi sera un sujet de tragédie [...]".

Voltaire. Correspondance. Édition Theodore Besterman. Vol. VII. Paris: Gallimard, 1981, lettre 8186, pp. 589-590.

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